Déploiement de la reconnaissance faciale en France et en Europe : halte à la dérive sécuritaire !

Mathilde Androuët

Communiqué

21 janvier 2020

Communiqué de Mathilde Androuët, député français au Parlement européen

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement français travaille l’opinion pour permettre les expérimentations de reconnaissance faciale dans l’espace public. Une multitude de pays emploient déjà ce système à des fins sécuritaires, avec des résultats et conséquences illusoires : la Chine s’en sert pour cibler et réprimer sa population ; en Californie, le système n'a pas permis d'arrêter de délinquant en sept ans ; à Londres, un homme a écopé d’une amende sous prétexte de “nuisance à l’ordre public” car il s’était caché d’une caméra de reconnaissance faciale…

Deux principaux écueils ressortent du déploiement de cette technologie :

La reconnaissance faciale engendre des craintes éthiques, au premier rang desquelles figure la surveillance généralisée. La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) rappelle bien que « les enjeux de protection des données et les risques d’atteintes aux libertés individuelles que les dispositifs de reconnaissance faciale sont susceptibles d’induire sont considérables ». Le cadre législatif est enfin incertain et de plus en plus d’expérimentations de reconnaissance faciale sont invalidées devant la justice française pour insécurité juridique (exemple des installations biométriques dans deux lycées à Nice et Marseille notamment).

La reconnaissance faciale s’immisce sur nos territoires au travers d’appareils dont les constructeurs proviennent en grande majorité soit de Chine, soit des Etats-Unis. Indirectement, la France se trouve donc prise en étau entre ces deux puissances qui se mènent une guerre impitoyable pour asseoir leur hégémonie technologique à l’échelle mondiale. Il est par ailleurs une donnée que les services de renseignement prennent au sérieux, celle de l’espionnage étatique, visant particulièrement la Chine : des caméras de surveillance fabriquées par le géant chinois Huawei et installées à Valenciennes ont par exemple causé la venue d’agents du renseignement français auprès de la mairie qui pilote ce système.

La sécurité demeure la première des libertés. Néanmoins, au regard des risques éthiques et juridiques posés par la reconnaissance faciale, cette technologie n’a pas vocation à s’immiscer sur nos territoires avant que le cadre de son emploi sur la population soit correctement défini et justifié. En outre, la dépendance technologique de la France et des pays européens envers la Chine et les Etats-Unis soulève de grosses incertitudes sur le plan géopolitique, et l’essor de l’intelligence artificielle ne fait qu’accroître ce risque. Il est temps que la France et l’Europe se dotent d’un cadre fixe en la matière !

Mathilde Androuët

Communiqué

21 janvier 2020

>