Bataille de l’acier : la Turquie à l’offensive. Quelles garanties pour Saint-Saulve?

Philippe Eymery

Communiqué

22 août 2019

Communiqué de Philippe Eymery, Président du groupe RN au Conseil régional des Hauts-de-France : 

Le directeur général du fonds de pension de l'armée turque Oyak a annoncé ce vendredi 16 août par voie de presse que sa filiale financière Ataer Holding a été choisie comme un repreneur potentiel de British Steel. L'Etat turc, à la manœuvre par le biais de ce fonds militaire, montre l'enjeu stratégique de l'acier et de la production ferroviaire à l'heure de la réactivation des Routes de la Soie. C'est cette vision stratégique qui manque cruellement à la France comme l'a mis en évidence la mission sénatoriale sur les enjeux de la filière sidérurgique en France, dont Mme Létard était rapporteure, dans un rapport rendu public le 9 juillet 2019.

British Steel, racheté en avril 2016 pour la livre symbolique par Olympus Steel Limited, une filiale du fonds Greybull Capital, s'est retrouvé en déficit de trésorerie en mai 2019. Le refus de l'Etat britannique de lui accorder une subvention de 82 millions d’euros a entraîné sa mise en redressement judiciaire.

Les conclusions de l'audit mené par les Turcs dans les 2 mois à venir conditionneront le rachat ou non de l'entreprise sidérurgique britannique. Il est probable que la gestion passée d'Olympus Steel Limited soit mise en cause. D'après le journal The Guardian(15 mai 2019), Olympus Steel Limited s'est fait payer 6 millions de management feeset 34 millions de frais financiers par sa filiale British Steel en 2 ans. Propos confirmé par F. Lenglet dans une chronique RTL du 31 mai 2019 parlant de Greybull Capital et d’Olympus « Pour British Steel en faillite, ce sont plusieurs dizaines de millions qui ont ainsi été prélevés sur la bête ». Manière de faire courante des « fonds vautour ». En commission permanente du 21 mai, notre groupe avait alerté sur ce fonds « c’est un fonds de retournement d’entreprise qui a déjà eu un certain nombre d’échecs ». La négociation entamée par le fonds de pension turc Oyak peut impacter, par effet domino, Olympus et menacer le plan de reprise d’Ascoval.

Le 15 mai, l’Etat a décaissé 15 millions d’euros au profit de British Steel Saint-Saulve, filiale à 100% d’Olympus Steel Limited. Le Conseil régional s'est engagé, par délibération adoptée en commission permanente du 2 juillet, à verser le 23 août à British Steel Saint-Saulve 8 millions d'euros, soit la première partie du prêt de 12 millions d'euros. Il nous faut garantir avant cette date l'avenir d'Ascoval.

A cet effet, nous interpellons le ministre de l'Economie et des Finances car c'est Bercy qui a adoubé Greybull Capital et sa filiale Olympus Steel Limited, basée à Jersey, après le fiasco Altifort, soutenu par l'Exécutif régional. Le gouvernement ne saurait désavouer la promesse faite en 2015 par M. Macron, alors ministre de l'Economie et déjà en campagne pour l'élection présidentielle : « on ne va pas fermer l’aciérie ».

Le groupe Rassemblement National et apparentés demande:

- que l'Etat monte au capital d'Ascoval via la BPI, seul garde-fou valable vis-à-vis de Greybull Capital et de sa filiale Olympus Steel Limited,

- que le Conseil régional l'accompagne éventuellement via son fonds dédié, Finorpa financement,

- que le gouvernement, de concert avec le Conseil régional, obtienne d'Olympus Steel Limited les garanties réelles de bonne fin du plan de reprise.

Philippe Eymery

Communiqué

22 août 2019

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