Tribune de Steeve Briois, Secrétaire Général du Front National
Monsieur Guénolé,
A la lecture de votre réponse à mon édito de la semaine dernière, une question me taraude...
La politologie est-elle l'étude des phénomènes politiques, avec ce que cela suppose en termes de rigueur intellectuelle et de principes scientifiques, ou est-elle un acte militant, une démarche intellectuelle dévoyée de sa nature première et corrompue par des postulats orientés ?
Compte tenu de votre première saillie, de votre réponse, de leur ton péremptoire et inquisiteur commun, vous valideriez plutôt cette deuxième conception.
Tout d'abord, je dois répondre point par point à certaines de vos affirmations, notamment sur le fait que nous serions une « droite radicalisée ».
Ainsi, nous serions une droite moralisatrice « radicalisée » car l'un de nos vice-présidents serait pour l'abrogation de l'IVG. Je ne sais pas si j'ai lu votre article en diagonale, mais manifestement, vous regardez les interventions de Louis Aliot de travers. Dans la mesure où ce dernier n'a jamais demandé l'abrogation de l'IVG mais avait simplement ouvert un débat sur le remboursement des avortements à répétition, vous mentez délibérément. Pour ce qui est de la rigueur scientifique, on repassera. Quant à en faire un critère d'appartenance à l'extrême-droite, c'est extrêmement léger.
En ce qui concerne le racialisme, vous versez dans l'hallucinatoire. L'Arabe, notre ennemi ? Jamais, pas plus que le musulman. Vous nous reprochez de faire l'amalgame ? Les choses ont pourtant toujours été claires, Marine Le Pen, distingue sans la moindre ambiguïté l'islam politique de l'islam qui constitue le socle spirituel de certains de nos compatriotes aussi français que vous et moi. Contrairement à vous, nous pensons que l'assimilation est justement la plus belle preuve que nous ne sommes pas racistes : pour nous, aimer la France, c'est ce qui fait le Français, pas son ethnie ou sa confession. A moins que vous ne sombriez dans l'essentialisme et que pour vous, un noir est condamné par sa naissance à manger du manioc et à jouer du djembé.
Si vous tenez à parler du passé et cet ancien Front que vous fantasmez, je vois moins de racialisme chez la plupart des fondateurs du Front pour lesquels les Indochinois, les Algériens, et les autres peuples appartenant à ce qui fut l'Empire étaient des compatriotes français, que chez les socialistes de la IIIème République pour lesquels la colonisation, c'était le mépris racial et civilisationnel le plus brutal et condescendant.
Quand vous dites que militer pour la sortie de l'Union Européenne et la sortie de l'Euro, c'est être d'extrême-droite ? A quel moment cet argument est-il sérieux ? L'extrême-droite serait donc la condamnation de l'ultralibéralisme le plus pernicieux, qui met en concurrence les travailleurs entre eux. L'extrême-droite serait le fait de souhaiter plus que tout que les peuples d'Europe récupèrent le pouvoir de décider chez eux, de refuser que les décisions soient confisquées par des technocrates sans aucune légitimité ni électorale ni populaire. A quel moment vos propos sont-ils censés ?
Enfin, nous serions plus libéraux que la droite, sous le simple prétexte que nous nous révoltons contre le pilonnage fiscal dont sont victimes nos compatriotes. Il est vrai que nous sommes les seuls à avoir exprimé notre dégoût de voir 1,5 million de précaires, de jeunes, de retraités, d'ouvriers, verser pour la première fois jusqu'à un mois de salaire en impôts sur le revenu pour payer les conséquences des politiques menées de manière calamiteuse depuis plus de 30 ans. Pendant que certains grands groupes pratiquent l'évasion fiscale, justement parce que l'UMP, le PS, et l'Union Européenne l'ont permis. Nous rejetons l'injustice du matraque fiscal aveugle, comme nous condamnons ceux qui échappent à la solidarité nationale et ceux qui les y encouragent. Là encore, si vous y voyez des critères d'appartenance à l'extrême-droite, je m'inquiète sur votre conception de la justice sociale.
Et voilà en quoi vous confirmez tout ce que je condamnais brièvement dans mon édito de la semaine dernière. A aucun moment vous n'êtes un politologue sérieux avec sa démarche scientifique et ses techniques spécifiques. Vous n'êtes jamais dans la réalité, dans la pratique ou l'empirisme, mais uniquement dans des fantasmes interprétatifs viciés par votre idéologie et votre haine irrationnelle du Front National. La science et la politologie requièrent qu'on utilise son cerveau, l'analyse et le raisonnement plus que ses viscères, le ressentiment et l'aigreur, j'en suis désolé pour vous.