Marine Le Pen se soucie aussi des animaux

Gilles Lebreton

13 octobre 2016

Par Gilles Lebreton, Député français au Parlement européen

C’est dans une salle comble que Marine Le Pen a honoré de sa présence, le 11 octobre à Paris, la convention sur l’animal organisée par le collectif Belaud-Argos. Elle démontre ainsi son aptitude à traiter tous les sujets qui intéressent les Français, et pas seulement ceux qui font la première page des journaux. Le soir même, les médias ont toutefois préféré commenter à l’infini les petites phrases de Sarkozy sur Juppé (et vice-versa), plutôt que de rendre compte de cette réunion passionnante. Le microcosme se regarde le nombril au lieu de se préoccuper des aspirations des Français.

Plusieurs thèmes ont été abordés par des intervenants venus de tous les horizons, parmi lesquels on a noté la présence du lanceur d’alerte Pierre Hinard, auteur du livre à succès « Omerta sur la viande ». Ont ainsi été passées en revue l’expérimentation animale, la situation des vétérinaires, la protection juridique des chiens et des chats, la souffrance des animaux dans les abattoirs, la création d’élevages géants encouragée par Bruxelles, ou encore la zoothérapie.

Chargé de décrire la protection juridique des animaux domestiques, j’ai notamment commenté la loi du 16 février 2015 qui affirme que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité » sans pour autant les soustraire au régime des biens. Je me suis opposé à la création d’une catégorie juridique propre aux animaux, à mi-chemin des deux grandes catégories reconnues par le droit français que sont les personnes et les biens, car cette démarche abstraite aurait des conséquences juridiques difficiles à calculer, notamment en ce qui concerne la chasse, régie par la loi Verdeille du 10 juillet 1964, à laquelle le monde rural est très attaché.

De façon plus pragmatique, j’ai préconisé une meilleure application des textes qui protègent déjà les animaux de compagnie, notamment de l’article L521-1 du Code pénal qui punit de deux ans de prison et de 30 000 € d’amende les « sévices graves » et « actes de cruauté » qui leur sont infligés. Trop de procureurs de la République renoncent en effet à engager des poursuites sur le fondement de ces textes, laissant ainsi les bourreaux des animaux jouir d’une totale impunité au grand désarroi des associations de protection animale.

J’ai aussi préconisé un toilettage de la loi du 6 janvier 1999 sur les chiens de catégorie, afin de mieux protéger les chiens de première catégorie qu’une mauvaise compréhension de cette loi voue trop souvent à l’euthanasie. J’ai enfin recommandé de modifier l’article R214-70 du Code rural, afin de rendre obligatoire dans tous les cas l’étourdissement des animaux d’abattoir avant leur égorgement et de supprimer l’exception que ce texte accorde à l’abattage rituel : rien ne justifie en effet la barbarie d’un égorgement sans étourdissement préalable ; certains États musulmans le reconnaissent d’ailleurs en acceptant certains types d’étourdissement.

Marine Le Pen a conclu la réunion en déclarant qu’elle prendrait en compte la protection animale dans son programme présidentiel, et en annonçant d’ores et déjà quelques propositions concrètes, parmi lesquelles la limitation de l’expérimentation animale au strict nécessaire, le développement de la zoothérapie, en particulier dans les maisons de retraite, et l’interdiction de tout abattage sans étourdissement préalable.

En se souciant de la protection animale, contrairement aux autres candidats à l’élection présidentielle, Marine Le Pen démontre ainsi qu’elle n’est pas seulement une femme de volonté mais aussi une femme de cœur, car comme l’expliquait Lamartine : « on n’a pas deux cœurs, l’un pour l’homme, l’autre pour l’animal...on a du cœur ou on n’en a pas ! »

Gilles Lebreton

13 octobre 2016

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