Voeux de Marine Le Pen à la presse

Marine Le Pen

Discours

04 janvier 2017

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie d’être venus aujourd’hui pour cette conférence de vœux à la presse.

C’est un moment important, peut-être plus encore pour cette année 2017, où vous aurez un rôle crucial à jouer puisque vous serez les intermédiaires entre le peuple français et les candidats à la présidence de la République.

Pour commencer, je vous souhaite donc à toutes et à tous, et à l’ensemble de votre profession, une très bonne année !

J’ai une pensée toute particulière pour les familles des 74 de vos collègues tués l’an dernier dans l’exercice de leurs missions. Mais aussi pour les proches des 52 journalistes qui sont actuellement retenus en otage dans le monde.

Je n’oublie pas non plus les journalistes emprisonnés dans plusieurs pays : le triste record de 1990 a été dépassé puisque 259 journalistes sont aujourd’hui privés de liberté.

C’est une donnée grave, notamment en Turquie où la tentative de putsch avortée a laissé la place à une insupportable répression contre la population et notamment les journalistes.

Je vous disais il y a exactement un an, lorsque je vous présentais mes vœux pour 2016, que je serai peu présente médiatiquement.

C’est une promesse que, vous l’avez tous soulignée, j’ai tenue. Cela n’arrive pas si souvent dans la vie politique française… vous l’admettrez.

Je l’ai fait parce que j’avais un travail important à accomplir, et que ce travail m’a pris du temps. J’y reviendrai.

***

Je souhaite d’abord insister sur un point.

Vous voyez souvent dans nos actions du carriérisme, du cynisme, des calculs, des arrière-pensées.

Oh certes, il existe certainement des personnalités dans le monde politique à qui l’on peut accorder une ou même plusieurs de ces mauvaises intentions.

Moi, je ne me reconnais pas dans cette description et je ne reconnais pas ces élus, ces cadres, ces militants innombrables qui m’entourent et qui, comme moi, font de la politique par passion, parce qu’ils ont des convictions solides et que l’amour de notre pays, l’amour de notre peuple les portent chaque jour, que sa souffrance ou ses angoisses nous blessent et que nous ne savons pas rester inertes face aux décisions ineptes qui sont prises contre lui.

Contrairement à ce que je peux lire ici ou là, il n’est pas question pour moi de raisonner comme il serait prétendument moderne de le faire, c’est-à-dire en appliquant les recettes du marketing politique.

Je ne cherche pas à parler à telle ou telle catégorie, ni ne développe des idées en fonction des sondages.

Je parle en tant que responsable politique, libre, à tous les Français, systématiquement, et particulièrement en ce moment essentiel de la vie démocratique, où il s’agit de choisir un nouveau président pour la France ou plutôt une nouvelle voie pour la France.

C’est une vision d’ensemble, un projet auquel je crois profondément qui apporte souffle, fierté et apaisement à la France, et tous les Français, que je souhaite voir gagner.

Alors je vous l’annonce d’emblée, nous allons faire une belle campagne, une campagne de fond, où nous aborderons tous les sujets essentiels pour le pays, avec toute la hauteur nécessaire pour œuvrer au rassemblement des Français.

La politique avec un grand P est une belle chose, prenante. Si, en tant que journalistes, vous l’avez choisie, c’est que, comme moi, l’organisation et le fonctionnement de notre pays vous semblent essentiels, que son développement et son avenir vous passionnent.

Vous avez fait le choix de l’analyser, de la commenter parfois, souvent même de la critiquer, c’est votre métier. En tant que Présidente de mouvement et candidate à la présidentielle, j’ai fait le choix de l’influer et de la conduire demain si le peuple le veut.

Au-delà de nos divergences, cet intérêt profond pour la politique, la vraie, la grande, nous rassemble.

Je sais que nos relations sont parfois disons compliquées.

C’est vrai, trop souvent, j’ai parfois le sentiment de ne pas reconnaître sous votre plume ni la femme que je suis, ni le parti que je dirige, ni les idées que je défends.

Mais c’est votre liberté, je la reconnais et même la défends.

Je sais que malheureusement, trop souvent, le commentaire médiatique s’arrête à la petite phrase, ou à la polémique futile du moment et je sais que certains d’entre vous sont lassés aussi par cette dérive, cette fuite en avant, je sais que vous ne vous êtes pas lancé dans cette carrière pour commenter le dernier buzz artificiel ou la dernière polémique en carton-pâte.

Nous pouvons tomber d’accord pour considérer que la politique, l’information des Français méritent mieux que ça.

C’est peut-être d’ailleurs cette étrange façon de couvrir l’actualité du monde, cette absence de recul par rapport aux mouvements de la vie publique qui expliquent à quel point certains observateurs ou analystes de la vie politique, en France comme ailleurs, ont été surpris par le Brexit ou l’élection de Donald Trump.

Certains d’entre eux décrivent le monde parfois tel qu’ils veulent le voir, peut-être pas assez tel qu’il est.

Ces difficultés que j’évoque ne m’empêchent pas d’avoir une attention particulière pour votre profession, et surtout de conserver l’espoir que l’information des Français puisse se faire dans la transparence et l’honnêteté, mais aussi dans la neutralité et ce recul qui seul permet la justesse du diagnostic et de l’analyse.

J’espère donc que la période de campagne électorale pourra se dérouler dans les meilleures conditions possibles s’agissant de sa couverture médiatique : les Français ont besoin d’une présentation rigoureuse et objective des projets présentés par les différents candidats. Il en va de la qualité même de notre fonctionnement démocratique et c’est une responsabilité que nous avons en commun.

C’est pourquoi, J’ai une attention particulière pour la liberté de la presse.

Car la liberté de la presse est un élément consubstantiel de la démocratie.

Je ne vous cache pas mes craintes à ce sujet : la liberté recule dans notre pays puisque selon le classement établi par Reporters sans frontières, la France est passée de la 38ème à la 45ème place. Cette évolution n’est pas acceptable, elle est même inquiétante pour une vieille et grande démocratie comme la nôtre.

***

Nous nous sommes donc peu vus durant l’année 2016.

J’ai d’abord passé ce temps précieux à préparer ma campagne présidentielle.

Je l’ai fait en allant à la rencontre des Français, pour les écouter.

J’ai en particulier souhaité mener une grande tournée dans nos départements et territoires d’outre-mer, Réunion, Mayotte, Guyane, pour aller directement à la rencontre de nos compatriotes ultramarins.

J’ai pu y constater un attachement vibrant à la France et la conviction largement partagée que ces espaces sont une opportunité incroyable pour notre pays.

J’ai pu mesurer les attentes fortes qui animent les Français d’outre-mer, qui vivent trop souvent avec le sentiment d’être oubliés, abandonnés par les politiques et par l’Etat français.

J’ai aussi souhaité prendre du temps pour construire cette bataille électorale, et donc organiser au mieux la campagne, la rendre la plus performante et la plus lisible possible.

Nous avons ainsi activement préparé notre action militante et la mobilisation de nos soutiens.

A ce sujet, je dois saluer les performances de mes équipes s’agissant de notre campagne sur les réseaux sociaux. Car c’est un canal complémentaire à celui de la presse traditionnelle, mais que je crois essentiel pour, sans filtre, nous adresser directement au peuple.

Ma campagne sera dans ce domaine innovante et portée par des technologies nouvelles que nous dévoilerons dans les semaines à venir et qui, je l’espère, permettront de toucher et de convaincre le plus de Français possible.

Pour les rendez-vous plus classiques d’une campagne, nos actions commencent à se déployer.

Tracts et affiches commencent d’être distribués et collés par les militants partout en France, tandis que les rendez-vous médiatiques vont s’accélérer, de même que les meetings qui démarreront dans quelques jours, les visites de terrain auxquelles je tiens énormément, parce qu’une campagne électorale, c’est avant tout de mon point de vue la rencontre entre la candidate que je suis et le peuple français au nom duquel je me bats !

J’ai également souhaité la tenue de grandes conférences, sur des sujets fondamentaux dont on ne parle pas assez et qui me permettront de développer ma vision sur des aspects de la politique nationale ou mondiale qui engage notre liberté, notre sécurité, mais aussi les grands équilibres nécessaires au développement serein de notre pays.

La campagne a ainsi été minutieusement préparée, et nous sommes prêts, résolus, organisés.

Mais, au-delà de ma campagne, c’est mon quinquennat que j’ai préparé durant ces longs mois.

S’agissant de mon projet présidentiel, je veux noter le sérieux, la compétence et le professionnalisme du travail fourni par les Comités d’action présidentielle du Front National mais aussi du travail colossal mené par les collectifs thématiques que nous avons créés.

Depuis septembre, nous avons organisé 6 conventions, sur des sujets variés comme la santé, l’école ou encore l’environnement et l’énergie, qui ont été des moments très enrichissants. Ce cycle se terminera d’ailleurs demain, avec une convention consacrée à l’innovation, qui est un des leviers essentiels pour oxygéner une économie qui n’arrive pas à redémarrer.

Les Horaces, réunions de serviteurs de l’Etat, de chefs d’entreprise et de cadres de la Haute fonction publique, de magistrats, ont parfait ce travail remarquable en préparant déjà leur mise en œuvre à l’issue de l’élection.

Mais au-delà du projet, qui s’appuiera bien entendu sur les principes fondamentaux qui sous-tendent la vision que je me fais de la France, c’est-à-dire, son indépendance, sa prospérité, et le respect de l’identité nationale, c’est aussi la façon dont nous gouvernerons que j’anticipe.

C’est la raison pour laquelle j’ai d’ailleurs présenté mes premières propositions concernant la révision des institutions, et notamment l’allègement considérable du nombre de parlementaires que je souhaite limiter à 500 (300 députés et 200 sénateurs), ou encore la fin du mille-feuilles institutionnel en ramenant à 3 niveaux essentiels l’organisation politique de la France.

La disparition des grandes régions artificielles permettra le retour de nos régions culturelles, Bretagne, Alsace, Picardie qui, d’ailleurs, n’avaient pas attendu 1986 et la création des collectivités régionales pour exister.

Je souhaite que se mette en place une démocratie renouvelée, où le référendum tiendra bien entendu une place importante, mais où les pouvoirs fonctionneront de manière plus efficace, plus proche des citoyens et moins coûteuse.

Je porterai le retour de la volonté en politique.

La volonté paie : j’en veux pour preuve ce qu’a obtenu Donald Trump : le constructeur automobile Ford renonce à une délocalisation d’usine au Mexique au profit d’une unité de production aux Etats-Unis. Le protectionnisme fonctionne donc, lorsqu’il est porté par une volonté et que le pays dispose de sa souveraineté économique. C’est bon pour la ré-industrialisation et l’emploi.

Ceci réconciliera les Français avec un pouvoir politique en qui ils n’ont plus confiance, soit parce qu’ils se sentent trahis par lui, soit parce qu’ils le sentent impuissant à agir sur la marche du pays.

Parce que cela aura également un impact considérable sur la façon dont la France sera dirigée, j’anticipe aussi la façon dont peut se construire le rassemblement.

Nombre de personnalités m’entourent déjà pour conduire les affaires de la Nation, nombre nous ont rejoints dans les dernières années, mais je tiens beaucoup aussi à ce que la grande recomposition politique qui accompagnera cette élection soit l’occasion de rassembler une majorité présidentielle.

Celle-ci sera, quelle que soit leur famille politique d’origine, constituée de tous les patriotes qui nous auront rejoints avant le 1er tour, mais aussi entre le 1er et le 2ème tour et, enfin, le lendemain de la victoire pour construire ensemble un avenir à la hauteur de ce que mérite notre pays.

***

Dans ces conditions, je peux donc vous dire, tant en ce qui concerne ma campagne que mon accession au pouvoir, que je sais où je vais et comment j’y vais.

Je dois dire que face à nous, au fur et à mesure que nous découvrons les candidatures que nous aurons à affronter, nous faisons le constat d’une grande irrésolution et d’une grande imprécision dans les engagements de certains, comme si la vérité pouvait avancer voilée par un épais brouillard de louvoiement.

D’autres avancent sans projet, de manière erratique et désordonnée, comptant sans doute uniquement sur des impressions de façade, ou des artifices de communication sur papier glacé.

Je vois passer des candidats elliptiques, qui apparaissent puis disparaissent. Je vois des présidents de la République « annoncés », qui s’effacent ensuite comme si leur quinquennat n’avait été qu’un bug politique.

Face à tout cela, face à ce flou, à cette politique de la posture, ou de l’apparence, il y a dans ma candidature pour les Français un cap, un roc, de la solidité.

Il y a dans ma candidature, une profondeur, une volonté, une détermination sans faille.

Face à ce désordre, il y a de mon côté une campagne ordonnée, une campagne en ordre pour remettre la France en ordre.

Marine Le Pen

Discours

04 janvier 2017

>