Communiqué du Collectif Marianne
Les déboires de la LMDE n’en finissent plus. Alors que son déficit atteint 35 millions d’euros suite à une gestion catastrophique, celle-ci demande son placement sous sauvegarde judiciaire. Le Tribunal de Créteil décidera du sort de la LMDE le 9 février, après avoir été mise sous administration provisoire en juillet 2014.
Une nouvelle fois, c’est l’Assurance Maladie qui sera chargée des remboursements de base, témoignant de l’inutilité d’une délégation de la gestion de ce service public à des organismes privés politisés et dépassés.
Confier la gestion de ce régime spécifique aux mutuelles étudiantes est une aberration préjudiciable aux étudiants et à toute la collectivité. L’association de consommateurs UFC-Que-Choisir mettait déjà en avant les carences de la LMDE en 20121. Ainsi, dans une enquête, elle estimait que la LMDE entretenait sciemment une certaine opacité et pratiquait la rétention d’information : « près de quatre nouveaux étudiants sur dix pensent que les complémentaires santé qu’elles proposent sont obligatoires » (ce qui, naturellement, n’est pas le cas). Pire, Un tiers des nouveaux arrivants à la fac était toujours en attente de leur carte vitale 3 mois après, et 10% 9 mois après selon la Cour des Comptes2. Par ailleurs, « moins d’un appel sur deux aboutit auprès de la LMDE contre 88 % pour l’assurance maladie ! ». La LMDE ne s’arrête pas en si mauvais chemin puisqu’elle pratique également les contrats contenant des clauses abusives, c’est-à-dire sciemment illégales.
Mais c’est sans compter les délais de remboursements qui s‘allongent. Selon Le Monde, les remboursements en retard de la LMDE atteindraient près de cinq millions d’euros, estimation difficile étant donnée la piètre qualité de la comptabilité.
Quant au coût de la gestion, les mutuelles étudiantes ont dépensé 93 millions d’euros en 2011 soit 14% des prestations versées (le triple voire le quadruple du coût de gestion de l’assurance maladie !), exposant ainsi les effets pervers d’une gestion privée déléguée semi-concurrentielle : baisse des économies d’échelle, accroissement des coûts marketing, publicitaires etc…
Le Collectif Marianne dénonce cette situation, mais également l’hybridation qui règne entre ce système et certaines organisations étudiantes (l’Unef tirant par exemple une partie de ses revenus de la gestion de la LMDE) et propose de faire prendre en charge la gestion de la sécurité sociale des étudiants directement par l’Assurance Maladie.