Christianophobie, provocations : Serbie / Kosovo, vers l’explosion ?

Dominique Bilde

Tribune libre

03 décembre 2018

Tribune de Dominique Bilde, Député français au Parlement européen

Ce devait être le sommet de la réconciliation. Pourtant, le 7 septembre dernier, la rencontre annoncée avec tambours et trompettes entre les frères ennemis des Balkans a fait chou blanc. En lieu et place d’une poignée de main historique, la haute représentante de l’Union européenne Federica Mogherini en a été réduite à jouer les émissaires entre un président serbe Aleksandar Vučić et son homologue kosovar se regardant en chiens de faïence.

On aurait pu croire que ce flop monumental aurait suffi à doucher les ardeurs pro-kosovares de Bruxelles. Que nenni ! Ce mois-ci, c’est le Parlement européen qui récidive au sujet de la libéralisation des visas, déjà approuvée en septembre. Pour le plus grand bonheur de quelques bonnes âmes qui hantent les couloirs de l’assemblée européenne et qui n’ont pas de mots assez durs pour dénoncer l’« apartheid » qui résulterait selon eux de cette mesure de sécurité pourtant de bon sens au regard des problèmes avérés du pays en matière d’islamisme, de trafic d’armes et d’êtres humains. Spécialiste du genre, le député britannique socialiste Julie Ward n’avait pas manqué de m’apostropher vertement en commission culture, alors que je m’élevais contre l’inclusion du Kosovo dans des programmes européens tels qu’Europe Créative ou Erasmus +.

Du reste, ce parti pris systématique confine au déni de réalité au regard de la multiplication des provocations de la part d’un Kosovo manifestement gonflé à bloc par un sentiment grisant d’impunité. Coupure de l’approvisionnement en électricité en janvier, arrestation musclée d’un haut responsable serbe en mars, l’un des derniers avatars (et pas des moindres) concernait la création d’une armée remplaçant les actuelles forces de sécurité du Kosovo. Le 21 novembre, le pays annonçait même des sanctions douanières à hauteur de 100 % sur les importations serbes- comble de l’ironie, à l’heure où Bruxelles s’improvise chantre autoproclamé du libre-échange face à Donald Trump-

Cette litanie de faits petits et grands pourrait paraître anecdotique si elle ne se doublait d’un coût humain. En octobre dernier, c’est par des rafales de pierres qu’étaient accueillis deux cars de pèlerins en partance pour le monastère de Studenica. Et, selon le Centre international pour la justice transitionnelle, pas moins de 155 lieux de culte orthodoxes ont été détruits entre 1999 et 2008. Ce qui n’a naturellement pas empêché le Kosovo de déposer auprès de l’UNESCO une candidature aberrante, mais néanmoins rejetée sur le fil en 2015.

Comment s’étonner qu’aiguillonnées par ce favoritisme scandaleux, les tensions demeurent à fleur de peau ? Le 20 novembre dernier, l’assemblée interparlementaire de la commission culture tournait au pugilat entre Serbes et Kosovars, tandis que mon intervention en faveur des orthodoxes suscitait des ovations nourries. Quant à l’affront scandaleux, dénoncé avec force par Marine Le Pen, infligé au Président serbe lors de la commémoration de l’armistice à Paris, il n’est décidément pas passé, l’intéressé affirmant par voie de presse avoir assisté à la cérémonie « la gorge serrée ».

Face à l’escalade verbale, Bruxelles, comme du reste la France, ne peut plus se contenter du deux poids, deux mesures. La réconciliation, si réconciliation il y a, ne saurait se fonder sur un diktat au détriment des seuls Serbes, au risque de voir s’embraser à nouveau la poudrière des Balkans.

Dominique Bilde

Tribune libre

03 décembre 2018

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